Berlin veut développer l’intelligence artificielle made in Europe

13/12/2018

Le gouvernement allemand a présenté sa stratégie dans le domaine de l’intelligence artificielle (IA), un secteur clé pour la croissance de demain. À l’heure où les États-Unis et la Chine font la course en tête, il souhaite développer des compétences de pointe à l’échelle nationale et européenne pour permettre à l’Allemagne et à l’Europe de devenir à leur tour des leaders. L’IA « made in Germany » et « Made in Europe » entend se distinguer en développant des applications modernes, sûres et tournées vers l’intérêt collectif, sur la base des valeurs européennes.

Ce que cela signifie concrètement est inscrit dans la stratégie du gouvernement allemand. « L’objectif est de continuer à accroître la qualité de vie des gens tout en exploitant le potentiel de développement économique et écologique de l’IA et en garantissant la cohésion sociale », indique ce dernier sur son site internet. Berlin n’entend donc pas se limiter à la dimension de la compétitivité mais accompagner la transformation numérique dans toutes ses dimensions, y compris les dimensions sociale et éthique. Cinq domaines d’action ont été définis. Pour chacun d’eux, la stratégie propose des solutions concrètes. Elle prévoit d’accroître les efforts de formation au numérique du jardin d’enfant à la maison de retraite, d’équiper tout le pays (les villes comme les campagnes) de réseaux internet à ultra-haut débit d’ici à 2025, notamment grâce au déploiement de la 5G, de promouvoir l’innovation et la transformation dans les entreprises, en particulier les PME, d’améliorer la qualité de vie au sein de la société tout en veillant à la sécurité des données et, enfin, de généraliser l’accès aux services administratifs en ligne. Signe qu’il s’agit d’un chantier prioritaire, une enveloppe financière de trois milliards d’euros a été débloquée d’ici à 2025 pour mettre en œuvre ces mesures. Une grande partie sera consacrée à la recherche, y compris la création de postes pour accueillir les meilleurs experts étrangers dans le domaine de l’intelligence artificielle.

La France, partenaire privilégié sur l’IA

Mais comparés aux moyens de la Chine et des États-Unis, ces moyens restent néanmoins limités. Et c’est pourquoi l’Allemagne n’entend pas en rester à une stratégie nationale. C’est au niveau européen qu’il faut agir, estime-t-on à Berlin. L’Allemagne recherche en particulier la coopération avec la France, notamment pour mettre en réseau les recherches sur l’IA. L’Union européenne prépare, par ailleurs, une stratégie européenne sur l’IA. Enfin, le ministre allemand de l’Économie et de l’Énergie, Peter Altmaier, travaille à un vaste projet : la création d’un « Airbus de l’intelligence artificielle ». « La solution réside dans la coopération et la mise en commun de nos forces », a-t-il déclaré ce mardi à Nuremberg sans dévoiler les détails du projet.