Le match économique contre nos voisins a longtemps semblé perdu d’avance… Mais nos concurrents d’outre-Rhin sont en train de s’essouffler alors que nous reprenons des forces. Du coup, on peut se remettre à espérer.
D’autant que la France dispos d’atouts non négligeables pour se remettre au niveau du concurrent allemand. La démographie, on l’a dit. Mais aussi le réseau de start-up, plus fourni que le sien, l'école de mathématiques, incomparablement supérieure, et la créativité des chercheurs, louée partout sur la planète.
"Notre esprit apparemment superficiel et notre capacité à changer d’avis toutes les trois minutes peuvent se transformer en atouts, car cela nous donne la capacité de percevoir les signaux faibles", analyse ainsi Guy Maugis, président de la chambre de commerce franco-allemande. Autre avantage sur notre voisin : nous possédons des liens historiques avec les zones qui porteront bientôt la croissance mondiale. "Les Allemands ont bénéficié du dynamisme des pays de l’Est, mais les marchés export de demain se trouvent en Afrique", note Xavier Susterac, de la chambre de commerce franco-allemande et du management board de BASF.
Les Allemands veulent la fin de la rigueur
Mais, si l’on peut évoquer aujourd’hui sérieusement l’hypothèse d’un rattrapage, ce n’est pas seulement parce que la France va mieux. C’est aussi que l’Allemagne est à la peine ! Après avoir consenti tant d’années d’efforts et de contention salariale, beaucoup de ses habitants – épaulés il est vrai par la plupart des gouvernements européens, soucieux de rééquilibrer leurs échanges avec Berlin – exigent aujourd’hui d’en finir avec la rigueur. Non seulement ils ont arraché en 2016 la création d’un salaire minimum, mais le syndicat IG Metall a obtenu 4,3% d’augmentation pour les travailleurs de la métallurgie cette année. Ses négociateurs sont même parvenus à arracher dans certaines conditions le passage aux 28 heures hebdomadaires. Signe que l’état d’esprit général est vraiment en train de changer, le pays subit actuellement une puissante vague de grèves dans ses services publics (pas pour torpiller les réformes, comme en France, mais pour obtenir des augmentations de salaire). Et le débat sur l’instauration d’un revenu de base est en train d’agiter toute la classe politique. De quoi faire saliver Benoît Hamon… "Angela Merkel n’a jamais été une grande réformatrice, elle s’est contentée de bénéficier de ce qui avait été fait auparavant", analyse Hanno Klausmeier, président de SAP Labs France. Et cela ne risque pas de changer au cours de son prochain mandat, car le SPD a monnayé sa participation à la coalition au pouvoir contre un assouplissement de la rigueur.