La France de nouveau attirante

16/07/2018

Troisième pays européen de destination pour les investissements étrangers, l’Hexagone a enregistré une hausse de 30 % des nouveaux projets, plus que ses voisins.

Le rodage de la nouvelle ligne d’assemblage vient tout juste de débuter à l’usine d’Allonne, près de Beauvais (Oise). Les premiers bus électriques de BYD devraient sortir d’ici à l’automne. Après la Hongrie, le groupe chinois a décidé l’an passé d’implanter sa seconde usine européenne en Picardie, sur cette ancienne plate-forme logistique de Michelin, fermée voilà trois ans. à la clé, ce sont 10 millions d’euros d’investissement et surtout une centaine d’emplois directs créés. " 2017 a été une année faste pour nous et le nombre de projets que nous détectons est en hausse constante ", se félicite Vincent Zuterek, le directeur du développement économique pour la communauté d’agglomération du Beauvaisis, qui a mis en place une cellule d’aide au recrutement et un appui pour l’examen des autorisations administratives pour faire la différence. L’entreprise chinoise n’est pas la seule à avoir sauté le pas. à Beauvais toujours, l’américain Agco a mis la main sur l’ancienne usine de surgelés Findus, pour y étendre son site de fabrication de tracteurs Massey Ferguson. Le groupe belge Ecophos vient, de son côté, de mettre en route une unité de production de phosphates à Dunkerque (Nord) avec 49 emplois à la clé et envisage la création d’un second site. L’américain UPS a, lui, inauguré une très grande plate-forme logistique de 1 000 salariés à Corbeil-Essonnes.

En 2017, la France a recollé au peloton de tête des pays européens les plus attractifs, selon le classement annuel établi par EY qui fait référence en la matière. L’an dernier, 1 019 projets d’investissement ont été annoncés, un chiffre en hausse record de 30 %. De quoi refaire une partie du retard sur l’Allemagne et le Royaume-Uni, qui n’ont attiré que 6 % de projets de plus en un an. Le nombre de sièges sociaux de groupes étrangers a plus que triplé sur cette période. C’est surtout dans l’industrie que la France tire son épingle du jeu. Le pays accueillait déjà le plus d’unités de production en Europe. Avec 323 nouveaux dossiers concrétisés l’an passé, les investissements étrangers dans le secteur ont bondi de plus de 50 % en un an. Certes, ceux-ci concernent à 86 % des extensions de capacités de production existantes et sont de petite taille en moyenne. " Mais ils irriguent toutes les régions et près de 60 % se localisent dans des agglomérations de moins de 200 000 habitants et dans les zones rurales ", relève Marc Lhermitte, associé chez EY.

France is back ? Le message martelé depuis son élection par Emmanuel Macron a été reçu cinq sur cinq par les investisseurs étrangers. Sommet « choose France » réunissant les grands patrons étrangers à Versailles, coups de pouce fiscaux ciblés pour renforcer l’attractivité de la place financière parisienne… le gouvernement n’a pas lésiné pour redorer l’image du pays. La publication des ordonnances sur la réforme du droit du travail à l’automne a modifié le regard des patrons étrangers, habitués à considérer la France comme un pays trop coûteux et complexe. " Le gouvernement a montré qu’il était capable de réformer le pays en un temps très court, alors que tout ce que les Allemands avaient retenu de la loi El Khomri, c’était les six mois de manifestations qui l’avaient accompagnée ", souligne Guy Maugis, le président de la chambre de commerce franco-allemande et ancien patron de Bosch France. " Il y a maintenant une envie de France et les sièges étrangers regardent beaucoup plus facilement les propositions de nouveaux investissements défendues par leurs directeurs de filiales. " La réduction progressive à 25 % du taux de l’impôt sur les sociétés d’ici à la fin du quinquennat a aussi joué. Résultat : la perception du site France a fait un bond, au plus haut depuis dix ans.

La bonne santé de l’économie n’y est pas pour rien non plus. Alors que la Grande-Bretagne pâtit de l’incertitude créée par le Brexit et que l’Allemagne est au bord de la surchauffe avec des pénuries de main-d’œuvre en forte hausse, " la croissance française en a encore sous le pied, même si elle devrait croître à un rythme un cran en dessous de 2017 ", estime Julien Pouget, le chef du département conjoncture de l’Insee, qui table sur une progression de 1,7 % du PIB en 2018. Depuis le début de l’année, l’activité a bien montré des signes d’essoufflement, mais le ralentissement ressemble davantage à un retour à la normale après le surrégime des derniers mois de 2017 qu’à la fin de la reprise.

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